PALIMPSESTE URBAIN
La situation exceptionnelle de l’îlot CHU, ancré au cœur de la métropole Nantaise, marque la volonté de démocratiser l’accès à des soins modernes. Aujourd’hui, tandis que ce monument de béton perd son usage, c’est la symbolique de ce patrimoine architectural si prominent dans la ville qui doit être questionnée. La ville étant le reflet de la société, quoi de plus beau que d’adapter un tel héritage aux besoins contemporains.
Notre projet considère l’histoire de l’île Gloriette comme un palimpseste urbain. On s’enracine dans les transformations géographiques et urbaines récentes pour réécrire un scénario positif. Dans celui-ci, la contrainte liée aux enjeux climatiques contemporains est l’opportunité de réinventer un centre métropolitain à la croisée entre géographie, patrimoine architectural, société et anthropocène. C’est un projet social qui résulte de la transformation de l’ancien CHU en équipement public, on y définit une nouvelle qualité de vivre ensemble.
Le projet s’intègre dans une stratégie large de régénération territoriale et prolonge les réflexions urbaines de la Loire au Cœur. Il se place en contrepoint des mutations récentes au profit du transport individuel et du rendement de l’hôpital car celles-ci ont rendu l’îlot CHU hermétique et imperméable. Accessible depuis les transports publics métropolitains (tram, bus, bateaux…) et à proximité de la gare de Nantes, l’îlot a vocation à devenir une centralité paysagère qui complète la structure végétale territoriale des cinq vallées. Nous ne gardons pour la voiture que des voies d’accès d’urgence ou livraisons, ainsi que le parking Deurbroucq. L’espace libéré permet d’installer un écrin végétal autour des bâtiments existants, définissant une insularité verte entre ville et nature. Nous rendons ainsi l’espace public plus confortable, à l’abri des voitures et du soleil.
Une percée de part en part de l’îlot ouvre depuis l’île Feydeau un nouvel accès sur la Loire. Le quai André Morice a vocation à devenir un lieu d’agrément similaire son pendant côté île de Nantes. Une promenade paysagère ligérienne relie les monuments de la ville de Nantes. Des venelles abritées dont la trame complète le bâti existant prolongent les traversées de la ville. L’ouverture des RDC apporte de la porosité avec l’îlot Biais et le quartier faubourien des Olivettes, les accès sont rendus lisibles et l’orientation plus facile. Des jardins nourriciers participent à la désimperméabilisation des sols et créent de l’interaction avec les habitants et plus généralement le vivant. Ils appellent au voyage en mettant en valeur la diversité de la flore. Le patrimoine bâti monofonctionnel se mue en un morceau de ville partagé.
La stature monumentale de l’ensemble CHU, héritage architectural du XXème siècle, est conservée. L’ensemble architectural est réinventé à travers le prisme de la question énergétique en unifiant par un traitement de façade performant les bâtiments. Partiellement végétalisées façades et toitures adoucissent l’aspect minéral de l’ensemble et atténuent l’effet îlot de chaleur.
Cette ensemble abrite une Cité de l’Ecologie, du Bien-Vivre Ensemble et du Vivant qui aura pour vocation d’accompagner les Nantais vers un mode de vie collectif décarboné. Ce lieu réinvente continuellement une programmation d’information, de recherche et de prévention sur les questions de santé publique, d’information sur le réchauffement climatique et son impact. La notion de soin devient celle de “prendre soin”, de soi, des autres, et par extension de son environnement.
Competition 2023
Equipe:
Bloom-architecture
Guillaume Durand Architecte